Les applications suivi de cycle permettant de prévoir ses règles et gérer sa fertilité naturellement se développent de plus en plus. Mais utiliser une application pour gérer sa fertilité, c’est vraiment une bonne idée ?
On les connaît toutes, ces applications qui permettent de suivre notre cycle menstruel en entrant le jour de nos dernières règles et la durée moyenne de nos cycles.
Ça fait des années que j’utilise Flo. Au début, c’était juste pour savoir « quand mes prochaines règles allaient arriver ».
Mais avec la prise de conscience qui s’est faite sur les contraceptions hormonales, on voit de plus en plus d’outils et d’applications suivi de cycle qui se développent dans l’espoir de devenir les meilleures contraceptions naturelles.
On l’a vu en Amérique avec NaturalCycles et plus récemment en Europe avec Daysy, que j’ai moi-même utilisé pendant une année.
Ce qu’on appelle aujourd’hui la « symptothermie moderne » ne cesse de se développer.
Mais peut-on vraiment utiliser une application comme contraception naturelle ?!
Sur quoi se basent ces applications ?
Les applications suivi de cycle se basent sur la méthode de la symptothermie. Il s’agit d’une manière naturelle de gérer sa fertilité, en se basant sur divers facteurs qui varient selon les phases du cycle féminin.
Ceci inclut notamment la température, la glaire cervicale et/ou la position du col de l’utérus.
Les applications de gestion de fertilité se basent à priori sur les mêmes facteurs que la symptothermie classique.
Elles récolteraient des données sur la température, glaire cervicale et/ou la position du col de l’utérus des utilisatrices.
À l’aide de ces informations, l’application serait à même d’analyser le cycle et de se référer à un algorithme pour définir si la période en question est fertile ou infertile.
Oui, on parle bien d’un ordinateur qui analyse ton cycle.
Une fiabilité compromise ?
Ce qu’il faut savoir sur ces applications (et c’est notamment le cas pour Natural Cycles et Daysy), c’est que la plupart tiennent uniquement compte de la température.
Or, ce n’est pas suffisant si on en croit la méthode de la symptothermie classique, qui prend au moins deux variables en considération.
À savoir :
TEMPÉRATURE + GLAIRE CERVICALE (APPARENCE & CONSISTENCE)
ou
TEMPÉRATURE + POSITION DU COL
C’est seulement quand on n’observera plus aucun signe de fertilité des deux variables choisies qu’on pourra déduire que la période fertile est terminée.
Il est donc tout à fait possible que des signes de fertilité soient visibles à travers les glaires ou le col, alors que la courbe de température te dit « t’es plus fertile ! ».
C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé en utilisant Daysy, et c’est ce qui aurait pu être un risque pour moi de tomber enceinte.
Voilà pourquoi la méthode classique de la symptothermie fait se double-check ; la température à elle seule n’en dit pas assez.
À savoir aussi que de nombreux facteurs externes (maladie, alcool, stress, etc.) peuvent la perturber et donc fausser l’analyse.
Heureusement, certaines applis commencent à se baser sur la méthode de la sympto à proprement dit, comme Kindara (en anglais) ou Moonly.
Je ne les ai pas testées ni comparées avec la méthode de la symptothermie classique comme je l’ai fait avec Daysy. Je ne suis donc pas à même de vous donner un avis objectif.
Et pour être honnête, je reste un peu dubitative sur le fait de laisser la technologie se charger de ma fertilité…
Les applications suivi de cycle comme contraception naturelle : Ce que j’en pense
Tu l’as sûrement compris en lisant jusqu’ici, les applications qui gèrent la fertilité, pour moi, c’est non merci.
Je continuerai à utiliser la méthode traditionnelle de la symptothermie avec crayon et papier.
Non seulement parce que je suis oldschool (du genre, j’ai encore un agenda papier), mais aussi pour d’autres raisons plus sérieuses:
La mauvaise utilisation de la méthode classique
Comme je l’ai mentionné, beaucoup de ces applications se basent uniquement sur la température et donc ne respectent pas le principe de la symptothermie.
Pour moi c’est donc évident que ça ne peut pas égaler les 98% de fiabilité de la méthode classique.
La prédiction, c’est un mythe
Beaucoup d’applications prédisent les jours fertiles, l’ovulation et les jours infertiles.
Que ce soit bien clair : on ne peut pas savoir quand a lieu l’ovulation (et donc les jours fertiles et infertiles qui les entourent) tant qu’elle n’est pas passée.
Il ne suffit pas de se baser sur ses cycles précédents puisqu’ils peuvent changer à tout moment.
Alors oui, en effet, les applications précisent bien qu’il ne s’agit que de prévisions.
Mais à mon avis, on est vite tentée par ces prédictions, ce qui, par conséquent, peut mener à de mauvaises interprétations et choix.
La fiabilité de la technologie
Bien qu’on puisse faire des choses extraordinaires avec la technologie, le corps reste ce qu’il y a de plus complexe.
Et s’il n’existe toujours pas de contraception fiable à 100%, c’est probablement parce que le corps de la femme subit des variations qui sont simplement imprévisibles.
Comment peut-on vraiment être sûre qu’un algorithme soit capable d’analyser le cycle de la femme, en prenant en compte toutes les possibilités de perturbation ?
Bien évidemment, ça reste un avis/doute purement personnel (-:
Le prix
Parce qu’on va pas se le cacher, les applications et moniteurs qui se considèrent comme une contraception sont payants.
Soit ils sont super chers (salut Daysy), soit ils sont sous forme de forfait mensuel ou annuel.
Et c’est normal, développer ces outils et les maintenir à jour, ça coûte. Mais dis-toi aussi que tu peux aussi investir dans ton savoir.
Ça aura son coût (le matériel d’apprentissage ou le suivi avec une conseillère) mais ce savoir, tu l’auras à vie.
Au contraire, l’application que tu auras choisie pourrait disparaître d’un jour à l’autre. Ce qui me mène au point suivant…
La dépendance
Et oui, au final, on en revient à être dépendante d’une application pour pouvoir savoir si oui ou non on doit protéger notre rapport de ce soir. C’est vraiment ça la liberté qu’on nous promet ?
Et si l’appli plantait ? Si elle se faisait retirer de l’App Store pour X ou Y raison ?
Et si tu faisais tomber ton smartphone dans l’eau, sans pouvoir le rallumer après ?
Plouf ! Toutes tes données à l’eau.
Pas de compréhension de soi
Enfin, ces applications nous promettent la facilité et rapidité d’utilisation, contrairement à la méthode classique qui a l’aire si compliquée au premier abord.
Cependant, si la symptothermie m’a appris à gérer mon cycle de manière indépendante, elle m’a aussi appris à comprendre mon corps.
Je l’ai d’ailleurs dit dans mon retour d’expérience après une année de symptothermie ; elle a été une révélation pour moi.
Du coup, quand on se tourne vers la facilité, on passe à côté de ce qui est vraiment important et intéressant à la fois ; le pourquoi du comment.
Une application suivi de cycle ne t’expliquera pas pourquoi ta température monte après l’ovulation. Elle ne t’expliquera pas pourquoi la consistance de tes glaires change selon les périodes.
Une appli ne te permettra pas non plus de détecter une grossesse avant même de devoir faire un test.
Tu le sais déjà si tu as lu mes précédents articles, je ne jure que par la méthode de la symptothermie classique depuis que j’ai commencé à l’utiliser.
Mais comme je l’ai toujours dit et continuerai à le dire, chaque femme est différente. Chacune est libre de choisir et de faire ce qui lui convient le mieux à elle.
Si tu es tentée par la méthode de la symptothermie classique et veux en savoir plus, je t’invite à aller lire mon article sur le sujet.
Et toi, tu utilises une ou des applications suivi de cycle pour gérer ta fertilité ? Si oui, laquelle ? Dis-moi tout dans les commentaires !